Disparition de 43 étudiants au Mexique : malgré les tests ADN, l’enquête piétine

L’affaire prend sa source il y a cinq mois, lors de manifestations étudiantes dans la ville d’Iguala. Ce qui est alors mis en cause, c’est le projet de réforme de l’enseignement que prévoit le gouvernement mexicain. Comme de nombreux autres, les étudiants de l’école Ayotzinapa (qui forme les futurs professeurs) sont descendues dans la rue pour montrer leur mécontentement. Malheureusement, la manifestation a fini par dégénérer, et des actes de violence ont rapidement été rapportés. On dénombrait sur le moment 6 personnes tuées par balle, mais c’est le lendemain que l’affaire prendra un tout autre tournant : la presse locale annonce alors la disparition de 57 étudiants. L’enquête démontre vite que la police locale est impliquée. 22 agents sont alors mis en examen car ils appartiennent également au gang « Guerreros Unidos », suivis de 14 autres durant le mois d’octobre 2014. Ni le maire d’Iguala ni sa femme n’échapperont à la justice, puisqu’ils seront appréhendés après avoir fui leur interpellation pendant un mois.

Suite aux interrogatoires, des policiers supposés appartenir aux gangs impliqués avoueront avoir tué 17 des étudiants déclarés disparus. Ils ont donné le détail des exécutions, qui auraient eu lieu en haut d’une colline où les étudiants auraient été tués puis brûlés. Pour vérifier ces dires, les enquêteurs procéderont à des tests ADN dans les échantillons encore exploitables au sein des charniers. Les recherches traînent en longueur, si bien que sur les 43 étudiants encore recherchés, les tests ADN n’en ont aujourd’hui identifié qu’un seul. L’affaire cristallise alors l’indignation des familles de disparus, mais également celle de l’opinion publique. Elle est révélatrice des travers des autorités mexicaines, de la corruption et de l’influence des gangs. Malgré les déclarations des autorités mexicaines qui assurent que les étudiants ont tous été massacrés, les familles ne perdent pas espoir et manifestent toujours plus afin que la vérité soit faite sur le sort des 43 disparus. Ironiquement, les manifestations pacifiques contres ces violences ont parfois dégénéré, comme lors du 14 octobre qui a vu le siège du gouvernement de l’État de Guerrero brûlé par des manifestants en colère.

L’exaspération s’est par ailleurs tellement faite sentir dans l’opinion publique que le ministre de la Justice s’est vu contraint de quitter son poste. Bien qu’il doive ce revers de fortune à d’autres erreurs, sa mauvaise gestion du dossier des 43 disparus d’Iguala a clairement pesé en sa défaveur. Pour marquer le coup, le Parlement a également voté une loi disposant que le poste de procureur général de la république (jusque là exercé par le premier ministre) devait être exercé indépendant du gouvernement en place.

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