Un test de paternité pour les pythons ?

La question s’est posée au zoo de Louisville aux USA par rapport à deux pythons nommés Thelma et Louise (en référence aux héroïnes du film de Ridley Scott ). Les deux serpents ne sortaient jusque là pas de l’ordinaire jusqu’au mois d’octobre 2012 pendant lequel Thelma est tombée enceinte et a pondu une soixantaine d’œufs. Rien n’aurait paru anormal au personnel du zoo si l’enclos avait contenu un mâle et une femelle, mais il s’avère que dans le cas présent il n’y ait que deux femelles python en captivité. Sur les 60 œufs pondus, seuls 6 viendront à terme et donneront naissance à d’autres pythons.

Deux hypothèses se sont rapidement fait jour :

– Les partisans d’une fécondation sexuée suggèrent une rétention de sperme par le serpent. Thelma aurait alors utilisé la semence pour se féconder bien après sa mise en captivité au zoo.
– Les partisans de la parthénogenèse, qui sont d’avis que les cellules se sont divisées sans fécondation puisque Thelma n’a eu aucune relation connue avec un python mâle depuis des années.

Le fait est que personne ne peut dire en l’état si Thelma a été fécondée ou non par un mâle auparavant. C’est alors que des chercheurs ont eu l’idée d’un test de paternité. L’idée semble incongrue, mais elle est scientifiquement tout à fait logique et réalisable puisqu’il est aussi bien possible de faire un test ADN sur un parent que sur un caniche ou un bonzaï. Le test de paternité vise à déterminer le patrimoine génétique des 6 œufs arrivés à maturation ; si leur ADN est identique à celui de Thelma, alors la parthénogenèse sera une hypothèse plus que probable. En revanche, si le test de paternité révèle un ADN différent de celui de la mère, alors la thèse la plus crédible sera celle d’une fécondation par un python mâle.

Une étude ( http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/bij.12286/abstract ) publiée le 4 juin 2014 penche en faveur de la parthénogenèse, ou plus exactement en faveur d’une parthénogenèse facultative (la parthénogenèse se produirait dans le seul cas d’une absence prolongée de mâle fécondateur). Les résultats sont toutefois controversés, et c’est la raison pour laquelle le vétérinaire David Leduc a décidé de mener une étude complémentaire sur un cas similaire où une femelle a pondu des œufs fécondés alors qu’elle n’avait pas été en contact avec un mâle depuis plus de 5 ans. Les recherches ont été longues pour retrouver le python mâle en question, mais un test de paternité poussé devrait donner une réponse à cette affaire. Si le patrimoine génétique du python mâle se retrouve chez les petits issus de cette femelle, alors il s’agira d’une rétention de sperme et non d’une parthénogenèse. Par contre, si les petits n’ont que l’ADN de leur mère, alors la théorie d’une parthénogenèse facultative sera fortement accréditée.