Des tests ADN en masse 30 ans après le meurtre de l’A26
Les progrès incessants de la science forensique poussent parfois la police à réexaminer des cas qu’elle ne pouvait pas traiter auparavant. C’est ce qui donne lieu aux fameux « cold cases » que l’on connaît aux États-Unis, mais le phénomène ne se limite pas à l’outre-atlantique. Ainsi en 2012, le parquet de Saint-Quentin a décidé de rouvrir le dossier de Sophie Borca. L’affaire remonte pourtant au 22 juin 1985, date à laquelle on a retrouvé le corps de la jeune Sophie dans les bois de la vallée de la Couture. On avait alors vu l’adolescente pour la dernière fois à la sortie du lycée Henri-Martin de Saint-Quentin. L’enquête à l’époque n’avait donné aucun résultat probant, et l’histoire de Sophie Borca a petit à petit été oubliée par la presse et par les habitants de la région.
En 2012 donc, le parquet décide de redonner un second souffle à l’enquête en utilisant de nouvelles méthodes d’investigation. Le ton avait déjà été donné par le juge d’instruction en février 2014, puisque c’est là qu’il a été décidé de lancer un appel à tous les témoins potentiels de la disparition (29 ans après les faits, rappelons le). L’opération n’ayant pas donné les résultats escomptés, il a été décidé de procéder autrement grâce à la méthode du test ADN. Le problème étant que la délimitation des probables suspects étant très difficile à établir, c’est pour un test ADN de masse qu’il a été opté. En somme, la justice demande à tous les hommes qui habitaient au village d’Homblières en 1985 – date de la disparition – de se soumettre au prélèvement de leur empreinte génétique. La gendarmerie pourra ainsi comparer avec le cheveu non identifié que l’on a retrouvé avec le corps de la victime.
Afin de ratisser au plus large, le maire de la commune a donné aux enquêteurs la liste d’inscription électorale de 1985, ainsi que celle des personnes décédées correspondant aux critères. La méthode n’est pas exempte de défauts, puisqu’il n’est pas impossible que certaines des personnes concernées aient déménagé pendant les 30 ans qui séparent les faits des tests ADN. Le parquet explique par ailleurs que ce choix est celui d’une piste parmi d’autres, rien n’indiquant de manière certaine que le meurtrier est originaire ou résident d’Homblières. L’autre but de la manœuvre est de faire resurgir l’affaire dans l’esprit des habitants, pour donner une impulsion nouvelle à l’appel de témoignages lancé en 2012. Pour communiquer sur l’événement, le maire d’Homblières a ainsi répondu positivement à sa convocation pour que son ADN soit prélevé. Il en va de même pour tous les hommes listés par la gendarmerie, qui sont convoqués au fur et à mesure pour subir le même test ADN qui révèlera peut-être l’identité du meurtrier de Sophie Borca.
Lien: http://www.courrier-picard.fr/region/aisne-disparues-de-l-a26-des-tests-adn-a-homblieres-ia0b0n533318